dimanche 15 janvier 2012

La date vaut d'être retenue #2

24 août 1572

"Tuez-les tous et qu'il n'en reste pas un seul pour me le reprocher" 
C'est par cette phrase que débute le mythe de la Saint-Barthélémy. 
L'histoire retient ce tableau de Dubois, un roi tourmenté et manipulé par sa mère, la reine Catherine de Médicis, qui le maltraite pour ordonner l'assassinat de plusieurs milliers de protestants. Une légende ?




Le massacre de la Saint-Barthélémy - François DUBOIS

Le 24 août 1572, vers 4 heures du matin retentit le tocsin. Au même moment des cavaliers armés sortent du Louvre à cheval, et se lancent leurs chevaux aux galops dans les rues de Paris. 
"Au nom du roi !"
Au nom du roi, un combat fratricide déchire alors la capitale. Les catholiques en armes se ruent sur les hommes, les femmes et les enfants protestants, arrivés en masse dans la capitale pour célébrer le mariage du chef protestant Henri de Navarre (futur Henri IV) avec Marguerite de Valois, soeur du roi Charles IX.
Des centaines de protestants sont jetés dans la Seine, qui pendant plusieurs jours est rouge de sang et charrie des cadavres. 
Le matin du 24 août, le roi Charles IX ordonne la fin du massacre et reporte sa responsabilité sur une révolte de la famille des Guise, à la tête du parti ultra-catholique. Mais le 26 août, le roi revendique la tuerie, et justifie ce massacre. Il s'agissait de déjouer une conspiration protestante visant à le destituer. 

Mais comment une telle tuerie a-t-elle été possible ?  

Depuis maintenant plus d'une dizaine d'années, la France est tourmentée par les Guerres de religion et les combats entre protestants et catholiques. En août 1572, le prix du pain a considérablement augmenté et la chaleur est intenable au coeur de la capitale. Capitale qui voit la cérémonie du mariage tant attendu entre Henri de Navarre et Marguerite de Valois. Hélas, lors du mariage le 18 août, Henri refuse d'accompagner Marguerite dans l'Eglise et le Paris ultra-catholique considère cet acte comme un affront. La présence dans la capitale de plus de 5.000 huguenots de guerre inquiète les parisiens et échauffe les esprits.     

Le 22 août 1572, l'amiral de Coligny, chef du parti protestant est blessé et l'assassin réussit à s'enfuir. Bien qu'une enquête ait été ordonnée, cet incident met le feu aux poudres. Lors du massacre du 24 août, Coligny est tué, defenestré, décapité et châtré avant que son corps ne soit traîné dans les rues de Paris par des enfants. 

Quelle est réellement la part de responsabilité du roi dans ce massacre ?

L'amiral de Coligny siègeait au Conseil royal, il jouissait de l'oreille attentive du roi qui l'appelait même "mon père"... Dans ces conditions, comment interpréter ce geste royal ? 
Plusieurs hypothèses ont été avancées par les historiens, aussi bien un complot visant à éliminer Coligny qui allait conduire la France à une guerre contre l'Espagne, et qui gênait ainsi les intérêts catholiques. L'hypothèse d'une émeute parisienne, motivée par les Guise qui visait à destituer le roi a aussi été évoquée. 
Denis Crouzet, spécialiste de la violence au temps des Guerres de Religion, avance quand à lui l'idée que cet acte est un acte mûrement réfléchi par le roi et son Conseil. En décidant de tuer la cinquantaine de chefs protestants présents dans la ville, le roi Charles IX, sa mère Catherine de Médicis et le Conseil Royal décident de préserver la paix et préserver les Français d'une Guerre Civile. 

C'est pourtant tout l'inverse qui se produisit. Cet acte conduit à une radicalisation des positions protestantes et catholiques. La légende de Catherine de Médicis, la Reine-Noire, et de Charles IX le roi sanguinaire est en marche. 
Ce dernier, au soir de sa mort le 30 mai 1574 est pourtant rongé par le remord
" Que de sang et de meurtres ! Ah ! que j'ai suivi un méchant conseil ! Oh ! mon Dieu pardonne-les moi et me fais miséricorde ... Je ne sais où je suis ... je suis perdu". 

1 commentaire:

  1. Passionnant et très bien raconté comme d'habitude. C'est un tel plaisir de te lire ! Continue à nous apprendre plein de choses !!

    Bisouuus !!!

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